Quand j’étais enfant mon terrain de jeux était la grande propriété agricole de mon père. Il me plaît d’énumérer ces bonheurs dans leur diversité : les bois, les prairies, les ruisseaux que je suivais jusqu’aux lacs collinaires dans lesquels nous nous baignions, la floraison des vergers puis leurs fruits, une campagne dans laquelle je déambulais  et qui m’inspirait des poèmes naïfs d’enfant et une rêverie sans fin.

Adolescente, j’ai suivi des cours aux Beaux-Arts et au Centre culturel de Toulouse.

Mais c’est dans l’atelier du peintre Pränas Gailius (connu par son prénom), auprès duquel j’ai vécu pendant quinze ans, que je pris connaissance de ce qu’est réellement la peinture.

Lui-même, ancien élève de Fernand Léger, m’a transmis à son tour son expérience de la peinture.

C’étaient des échanges à bâtons rompus autour de l’art, enrichis par des lectures de poèmes, de littérature générale ou de philosophie; de longues promenades où s'apprenaient sur le vif les éléments constitutifs de la nature.

Bien entendu, il insistait sur les fondements proprement plastiques de mon travail: prendre possession du format, appréhender l’espace, l’architecture, les contrastes  .

Pränas m’a appris à penser la peinture.

Nous avions nos ateliers dans un champ de vigne en friche gagné par les genêts avec pour horizon la  féminine montagne du Luberon. Ainsi m’a-t-il appris à dénicher  les signes dans la géologie du lieu, l’espace, les distances, dans le grand dictionnaire ouvert qu’est le paysage,  pour construire mes œuvres.

Cet état d’esprit ne m’a jamais quittée c’est pourquoi aujourd’hui j’ai posé mon atelier sous les arbres dans le paysage rustique et paysan du haut Var.

Nicolas Poussin, Paul Cézanne, Fernand Léger, ont été mes maîtres car je crois en la transmission de l’histoire de l’art et à la permanence de la peinture.

Depuis longtemps j’étudie avec passion les maîtres chinois tel que Shitao et Shuta et Hokusaï pour le Japon.

Mes peintures anciennes et récentes sont exposées toute l’année  à Cotignac dans mon atelier-galerie, village très prisé des artistes et des amateurs d’art. N’a-t-il pas été élu « plus beau village de France »?